Ce qui n’a pas de nom, n’existe-t-il pas ? Visibilité ethnolinguistique dans le recensement 2022 en Argentine

Résumé

Cet article présente quelques lignes de réflexion sur la consultation ethnolinguistique du recensement 2020 (2022) en Argentine, qui s’est articulé autour de trois questions. La première question, ouverte, portait sur l’auto-identification autochtone et s’adressait à la totalité de la population, ce qui constitue un avance important dans l’histoire du recensement du pays. Les deuxième et troisième questions, qui dépendaient de la précédente, portaient respectivement sur le nom du peuple et la langue de ce peuple. Cet événement glottopolitique sera le sujet d’étude et, pour l’examiner, nous reprenons trois domaines d’intérêt impliqués. D’une part, une brève historique des recensements dans le pays, en mettant l’accent sur le processus de ces dernières années au niveau latino-américain et national, conformément à l’adhésion à la convention 169 de l’Organisation internationale du travail sur la consultation libre et éclairée. D’autre part, nous analysons la manière dont la question des langues autochtones a été intégrée en 2022 et le processus de recensement, en articulation avec le paradigme des droits linguistiques, l’idéologie de l’« accès » et celle qui soutient le lien univoque entre peuple, culture et langue. Enfin, nous avons déployé certaines dimensions glottopolitiques pour la discussion sur la consultation et la visibilité ethnolinguistique, en tant qu’instrument tant de l’État que des militants. Cet article examine les dimensions glottopolitiques des recensements en tant que contribution à la revitalisation linguistique et reflet des idéologies linguistiques, tout en mettant en garde contre le risque d’un décompte superficiel, fondé sur des critères équivoques, des langues autochtones.